la confédération Aït Atta

Qui sont les AIT ATTA ?
Aït Atta est une grande tribu amazight , appartenant à la confédération Aït Atta — comme les Aït Hdiddou, qui appartiennent à la confédération des Aït Yafelman — actuellement répartie sur trois provinces du Maroc central : Azilal, Ouarzazate et Errachidia.(zagoura)
Depuis des millénaires, les Aït Atta habitent le centre sud et le sud-est du Haut Atlas marocain. Leur langue est le tamazight, et non le tachelhit.
L'identité historique des Aït Atta est liée à un personnage nommé Dadda — ou le grand père Atta — considéré comme l'ancêtre commun et le père spirituel, en raison de ses relations avec deux saints, Moulay Abdellah Ben Hssain, fondateur de la Zaouïa Amagharyine, et Sidi Ahanssal, fondateur de la Zaouïa Hanssalia.
Pour ceux qui ne connaissent pas les Ait Atta:
Les Aït Atta sont une confédération composée 5 tribus (Khmas) : les Ait Ouallal, Ait Ouahlim, Ait Isfoul, Ait Iazza et Ait Ounbgi.
Ces 5 tribus sont subdivisées en fractions (ighess)
-Une résistance désespérée et magnifique-
Nous sommes en 1933. Tout le Maroc est sous protectorat français depuis vingt-et-un ans. Enfin, presque tout le Maroc. Car la plupart des tribus Aït Atta résistent encore à la « pacification" dans ces montagnes arides du djbel Saghro. Et la vie n'est pas facile pour le capitaine Spillmann. Il le note alors dans son petit carnet : "Il est difficile de définir les Aït Atta et de donner en quelques lignes un aperçu de leurs principaux traits de caractère. Plus on les connaît, plus on s'aperçoit, en effet, que toute affirmation à leur égard comporte un correctif (...) [ on les dit] pillards, coupeurs de routes, incapables d'affronter une bataille rangée, d'endurer des pertes ; dans le Saghro , ils ont cependant opposé à nos troupes, très supérieures en nombre, en armement et en organisation, une résistance désespérée, magnifique, qui a forcé notre admiration."
C'est à la fameuse bataille de Bougafer que l'officier fait ici référence. Près de deux mois de combats acharnés en plein hiver pour prendre un bastion de neige et de rocaille. D'un côté, plusieurs milliers d’hommes, de nombreux canons et quatre escadrilles de quarante-quatre avions basées à Ouarzazate. De l'autre, conduits par les frères Baslam, un peu moins d'un millier de nomades sommairement armés, des femmes et des enfants. Mais des rebelles. Qui, chaque fois qu'ils le peuvent, gênent la progression de l'armée française en harcelant ses positions. Le colonel Voinot en a assez : "Les pillards se montrent très entreprenants ; ils exécutent, à plusieurs reprises, des coups de main contre les tirailleurs employés aux travaux. Le Saghro est devenu le refuge des rôdeurs, qui circulent en bordure de la zone soumise. Par ailleurs, les nombreux irréductibles retirés au Saghro ne manquent aucune occasion de manifester leur hostilité ; ils adressent des menaces de représailles aux notables, qui cherchent à composer avec nous. (...) Pour en finir, le Commandement décide, au mois de février 1933, de régler la question du Saghro avant les dernières opérations du Haut-Atlas. C'est a priori une grosse affaire car ce massif aride, difficile, est mal connu."
L'entrée en résistance des tribus Aït Atta ne date pourtant pas de la signature du protectorat. Déjà, à la fin du siècle précédent, ces farouches nomades s'étaient opposés à la colonisation française via le sud de l'Algérie. Des combats sporadiques qui furent le prélude au grand rassemblement de Bou Gafer. Mais la décision de se retirer dans les montagnes inaccessibles du djbel Saghro causa également la perte des rebelles. Coupés de toute communication avec l'extérieur du massif, harcelés jusque dans les rares points d'eau, les Aït Atta durent subir manoeuvres d'encerclements, pilonnages d'artillerie et bombardements aériens. En dépit de positions faciles à défendre sur le plateau des Aiguilles, où une poignée d'hommes étaient capables de tenir tête à tout un bataillon, ils sont obligés de capituler le 25 mars 1933. Ce sera le dernier des grands faits d'armes de la colonisation au Maroc. Dans son édition du 30 mai de la même année, la revue L'Illustration conclura avec condescendance : "Éminemment farouches tout d'abord, [les tribus Aït Atta] n'ont pas tardé à changer l'attitude en voyant que l'on soignait leurs blessés et leurs malades, que des vivres et des vêtements leur étaient distribués. Aussitôt la reddition faite, l'individualisme enraciné chez elles a repris ses droits. Chaque famille, se groupant autour de son chef, ne reconnaît plus d'autre autorité et ignore ceux des anciens alliés qui n'appartiennent pas à la même tribu."
-Gens de plaine et de montagne-
Les Aït Atta ont toujours cultivé cette indépendance et ce goût de la liberté. Pas facile pour un nomade de se plier aux règlements d'un pouvoir central éloigné qui n'a probablement qu'une vague idée de ses conditions de vie. Et la géographie du djbel Saghro n'arrange rien qui rend les communications presque impossibles. Aucune route ne traverse en effet le massif. Tout juste si quelques méchantes pistes de terre permettent aujourd'hui de rallier, en véhicule tout terrain ou à dos de mule, quelques rares villages d'une centaine d'habitants comme Hanedour ou Imi n'Ouarg. Au-delà, passés les cols, sur les hauts plateaux, face aux reliefs tabulaires et aux tours de grés rose, voici le territoire de l'écureuil de rocher, de la perdrix, du chacal, du loup et du mouflon. Voici le territoire du laurier rose, du palmier nain, du saule pourpre, du figuier, de l'amandier et de l'alfa, cette herbe touffue et épineuse qu'affectionnent tant les mules. Voici le territoire de la chèvre et du mouton, guidés, de pâturages en oasis, par quelques familles nomades. Pas étonnant, dès lors, que ces tribus soient reines dans cette montagne.
Le capitaine Spillmann, toujours lui, notait déjà : "L'individualisme développé par la dure existence pastorale, qui trempe fortement les caractères, risquerait de dégénérer assez vite en anarchie. Mais d'autres facteurs, conditionnés par le nomadisme même, viennent heureusement tempérer cette tendance. La recherche et la défense des pâturages, les nécessités de la transhumance créent en effet des liens collectifs qui consolident le lien ethnique. Pour subsister au milieu d'ennemis toujours aux aguets, pour utiliser au mieux les ressources que dispense parcimonieusement une nature trop souvent ingrate, les nomades ont accepté librement une discipline réelle qui les groupe dans le cadre de la fraction ou de la tribu. (....) La structure de leur pays les fait à la fois gens de plaine et de montagne, nomades et qsouriens. Ils connaissent les rigueurs du climat saharien et celles des hautes altitudes."
La tribu Ait Atta est la plus grande et remarquable au Sud du maroc. Les Ait ATTA sont territorialement répandus dans des groupes discontinus sur trois provinces, ceux de Bni Mallal au Maroc central; ceux de Ouarzazate et Qsar s-Suq (officiellement EL RACHIDIA) dans les parties du sud-centrales et du sud-est du pays. Bien que la langue nationale du Maroc soit l'Arabe; les ait Atta parlent le Tamazight.
Les traditions d'origine de d’ait Atta, aussi bien que qu‘on connaît de leur histoire, ont d'importance pour une compréhension de leur identité.
Dans son œuvre « Les Ait Aha du Sahara et la pacification du Haut Drâa », G. Spillman mentionne l'existence de cinq tribus (Khems Khmas) : Ait Ouallal, Ait Ouahlim, Ait Isfoul, Ait Iazza et Ait Ounbgi. Selon cet auteur, ces tribus se subdivisent en sous-tribus appelées fractions, qui à leur tour donnent des petites fractions nommées « ighess » en tamazight, ce qui signifie « l'os ». Ighess est donc l'élément de base qui constitue l’ossature de la tribu, et par conséquent, celle de la confédération. Cette structure socio-politique fonctionne de manière quasi démocratique.
Le personnage clé des ait atta est Dadda ' Atta’ ou le Grand-père ' Atta’, que tous les Attaouis considère comme leur ancêtre commun et qu'ils soutiennent comme un parangon des vertus viriles, bien qu'aucun d'eux n'a vraiment de traces des liaisons généalogiques réelles. Il n'y a cependant, aucun doute qu'il était une véritable figure historique, le tombeau de DADA ATTA se trouve à Taqqat n-lliktawen, 25 kilomètres au nord de Tagunit dans la Vallée Supérieure DRA province de ZAGOURA.
Dada atta a été tué dans la bataille contre les Arabes dans une période non datée avec exactitude, mais la tradition le joint aussi à deux saints importants, Mulay ' Abdallah ben Hsain, qui est mort entre 1566 et 1592, avait croisé dada Atta, quand il avait visité la Zawiya Amghariyin à Tamsluht, 20 kilomètres au sud-ouest du Marrakech , mais aussi sidi Ahansal, le fondateur de la Zawiya Ahansal dans le Haut Atlas avait rencontré dada Atta, probablement au dernier quatorzième siècle.
Les Ait Atta ont été remarqués par leur courage et leur resistance à la colonisation (à lire l'article "Bataille de Sahgrou" dans la rubrique Histoire). ils ont su gardé leur langue, coutumes et traditions malgré une arabisation et une occidentalisation de plus en plus pressante.